Pangramme

Contexte: Une Saison Graphique, 2014
Exposition itinérante coproduite par l’ESADhar, l’ESA Cambrai et l’École des beaux-arts de Nîmes, présentée aussi dans le cadre de l’exposition Les Joueurs au Pavillon Blanc (Colomiers)
Scénographie: Olivier Vadrot avec Dimitri Mallet
Texte: Vincent Vauchez
Construction de la casse: Hélène Pitassi

Cette exposition a été conçue comme un véritable atelier de composition typographique. La grande casse en chêne sert d’espace de rangement et la monstration pour les lettres, et les composteurs aimantés permettent de composer des mots. Le plan de casse au format 120×176 cm, imprimé dans un noir et blanc pailleté, fait office d’affiche pour l’exposition. Chaque lettre de cet alphabet anti-Unicode a été imprimée à 1000 exemplaires par un imprimeur différent. Les techniques et lieux de production des lettres sont variés. Pour certaines lettres, l’impression à 1000 exemplaires a représenté un défi (le H réalisé en aquatinte à l’École d’art du Havre); alors que d’autres lettres ont été imprimées de façon standard. Imprimée recto/verso ou comprenant plusieurs pages, pliée ou non, chaque lettre s’apparente à un objet graphique spécifique. Le design a été contraint par l’économie du projet, en terme de format et de mode d’impression. La vibration du E est matérialisée par l’impression lenticulaire, les jambages redondants du M fluctuent en fonction du dégradé machine… La multiplicité des supports a exigé une attention décuplée en terme de suivi technique et de gestion économique. L’attention nécessaire à l’émergence d’un objet graphique a été ici multipliée par 26! Cet aspect est aussi constitutif de sa dimension expérimentale. Des pangrammes, écrits par Vincent Vauchez, ont été affichés dans l’exposition: Alors que les zéphyrs nouveaux fourrageaient jardins et campagnes, elle, yéyé beatnik, dansait son twist noir. À travers ce projet, mon idée est de renverser l’échelle des mots (qui sont habituellement contenu par l’objet imprimé): ici, c’est le mot qui contient les objets. Une sorte de grammaire potentielle, questionnant de façon poétique, ontologique et ludique la notion de document imprimé.

This exhibition has been designed as a veritable workshop on typographical composition (typesetting). An enormous oak chest is used to display and store the letters and magnetic composing sticks that allow one to compose words. A type case, printed 120×176, in black and white glitter ink, serves as the exhibition’s poster. Each letter of the anti-Unicode alphabet was printed in runs of 1000 copies, each by a different printer. The techniques and production sites vary. For some letters, printing 1,000 copies was more of a challenge (the letter “ H”, printed in aquatint at Le Havre School of Art); while other letters are printed with mainstream. Printed on the front or back, multi-page, folded or not, each letter exists as a unique graphic object. The work was naturally delimited by the economic constraints of the project, regarding format and print mode. The vibrating effect on the letter “E” is created by a lenticular printing process, and the letter “M”s redundant downstrokes fluctuate with the varying results of a decaying machine… The profusion of so many different types of media multiplied the complexity of this endeavor tenfold, in terms of technical logistics and economic management. The effort necessary for the creation of a new graphic object was, basically, multiplied 26 times! This aspect also represents the experimental dimension of the project. Some pangrams, written by Vincent Vauchez, was displayed: Alors que les zéphyrs nouveaux fourrageaient jardins et campagnes, elle, yéyé beatnik, dansait son twist noir. Through this project, my idea is to reverse the scale of words (which are usually contained by the printed object): here is the word that contains the objects. A potential grammar of sorts, questioning the notion of printed documents, poetically, existentially and playfully.