Le travail de rivière
Contexte: Éditions Dissonances/Pôle graphisme de Chaumont, 2009
Impression: Snel graphics
Description: 18×27 cm, 78 pages

Ce texte, écrit par Laure Limongi, comprend plusieurs strates thématiques et formelles: histoire personnelle et collective, conscience sociale, technique industrielle de la ganterie, univers du conte, etc. Très structurée, tout en étant fluide et poétique, l’écriture répond des contraintes bien précises. J’ai voulu que ce livre emprunte à la forme du «livre de conte»: grand format, épaisse couverture cartonnée, large signet de soie… en écho au Petit chaperon rouge disséminé au fil du texte, mais aussi de la volonté de proposer un rituel de lecture. La gamme colorée est une variation froide, en lien avec l’eau et la présence de la forêt en lisière de ville. Ces couleurs sont parfois franches et surréelles (bleu profond de la jaquette, vert pailleté de la couverture…), parfois douces (ambiguïté de la gamme vert d’eau pour l’intérieur du livre). La main est omniprésente, à la fois comme sujet et objet du livre: elle travaille pour produire des gants, qui habilleront délicatement d’autres mains. Mais elle n’est jamais entière. Sur la jaquette en simili cuir bleue, elle est décomposée avec un patron de gant, qui renvoie à la matière et au processus. À l’intérieur du livre, des fantômes de gestes apparaissent au travers de photogrammes inscrits dans la matière du texte. Des signes (filets, points) viennent révéler ou souligner la structure du texte et la logique de l’écriture. Ces éléments formels apparaissent comme un squelette, ou une cosmogonie…

This text, written by Laure Limongi, consists of several thematic and formal layers: personal and collective history, the industrial techniques of glove making, the world of fairy tales, etc. Very structured while at the same time fluid and poetic, the writing imposes highly specific limits. I wanted this book to borrow from the shape of a “book of fairy stories”: large format, thick cardboard cover, broad silk bookmark… like the Little Red Riding Hood running through the text but also from a desire to lend a ritual aspect to reading. The colours used are in the cool range, reflecting the water and the presence of the forest on the edge of the town. These colours are sometimes fresh and surreal (the deep blue of the dustjacket, the shimmering green of the cover…), sometimes soft (ambiguity of the watery-green of the inside of the book). Hands are omnipresent, both as subject and object of the book: they work to produce gloves that will delicately encase other hands. But it is never a complete hand. On the blue leatherette dustjacket, it is hinted at with a glove pattern, a reference to the material and the process. Inside the book, ghostly gestures appear in the photograms inserted into the textual material. Signs (dots and underlinings) reveal or emphasise the structure of the text and the logic of the writing. These formal elements suggest a kind of skeleton or cosmogony…